Coriolan c’est d’abord une approche de la politique par le théâtre. Coriolan, c’est aussi un couple mère-fils d’une intensité telle qu’on entrevoit tout de suite le vaste univers psychanalytique qui le sous-tend.
Coriolan c’est le héros adulé, puis déchu et honni par ceux-là même qu’il a sauvé.
Caius Martius est un patricien dans la République de Rome alors en proie à la famine et à la misère. C’est dans ces circonstances qu’on lui reproche une trop grande arrogance vis-à-vis de la plèbe de Rome, et qu’il déserte les lieux. Pendant ce temps, l’armée ennemie, les Volsques, marche sur Rome, pour défaire Caius Martius et s’emparer de la ville. Mais Caius Martius met en déroute l’armée Volsque et met à genoux leur cité de Corioles, c’est là qu’il gagne ce surnom de Coriolan et rejoint Rome auréolé de la gloire du vainqueur, et se présente pour devenir Consul. Cette élection est l’occasion de débats violents, de confrontations entre patriciens et plèbe, et certains tribuns craignant l’abus de pouvoir par Coriolan, réussissent à faire échec à son élection de Consul, ce qui met Coriolan dans une grande colère, une vraie fureur contre le système politique. Cela lui vaut procès et exil. S’ensuit un rapprochement avec les Volsques, puis divers retournements en faveur de Rome, jusqu’à l’assassinat de Coriolan alors qu’il négocie une paix entre Rome et les Voslques.
Toutes ces batailles, ces débats, sont pour le lecteur l’occasion d’appréhender avec distance un système politique, une stratégie et surtout l’ambition, l’envie, tout ce qui meut les peuples et leurs élites, dans des combats d’une âpreté et d’une cruauté sans fard. Et à cet égard rien n’a changé.
Coriolan, c’est la vanité du pouvoir, c’est la versatilité des hommes, du plus puissant au plus faible, l’ingratitude et l’ambition démesurée aussi.
L’œuvre vaut aussi par le rapport entre Coriolan et sa mère, véritable patricienne, gardienne de l’honneur, des principes et d’une certaine hauteur, pour ne pas dire arrogance, qu’elle inculque à son fils. Et c’est cette ambition toute maternelle qui pousse Coriolan, puissant moteur de ses actes héroïques. Coriolan est un valeureux soldat, un vainqueur, mais redevient le simple fils de Volumnia, sa mère, quand celle-ci laisse éclater sa fierté ou l’abreuve de conseils, voire d’ordres.
J’ai apprécié ces différents degrés de lecture, politique, philosophique, psychologique, tout simplement la beauté du texte et l’histoire évidemment.
Cette pièce peut paraître rébarbative, trop austère ou violente, mais elle offre vraiment plusieurs facettes, qui la rendent riche et complexe. Elle n’a rien de manichéen, il ne s’agit pas des gentils contre les méchants, mais de l’âme humaine, faite de noirceur, d’ambition, de regrets, de morale, de principes et de peur, d’audace et d’envie, de trahison et d’intégrité, tour à tour sans juger des faits.
En gros, j’ai aimé.
Merci à Claudialucia d’avoir proposé cette lecture commune, autour du challenge Shakespeare.